La castration du chien et la stérilisation de la femelle sont des sujets fréquemment abordés sur les réseaux sociaux. On lit sur elles tout et son contraire. Si pour la femelle, la stérilisation est avant tout vécue comme un moyen d’éviter une grossesse, on a parfois le sentiment que chez le mâle elle est utilisée comme un moyen de « réguler » l’humeur, de rendre « éducable » un chien difficile. Est-ce vrai, est-ce faux ? Par ailleurs la castration est souvent vécue comme un acte anodin et sans effets secondaires. Qu’en est-il réellement. La castration et la stérilisation font elles courir des risques à nos animaux ?

L’article tente d’apporter un éclairage objectif sur le sujet. Afin que chaque maître et chaque maîtresse puisse choisir en connaissance de cause.

La stérilisation de l’animal : une pratique utile

En préambule, précisons que cet article ne vise pas à nier l’intérêt de la stérilisation de nos animaux de compagnie. Ni même de la déconseiller. En revanche il vise à faire comprendre que la balance bénéfice-risque n’est pas toujours à l’avantage de la castration ou de la stérilisation. Et que selon les objectifs poursuivi, il importe de se poser la question de sa pertinence.

Dans certains pays cette opération est considérée comme contraire à l’éthique, au même titre que la coupe des oreilles ou de la queue. Soyons clairs, en permettant un contrôle de la reproduction elle permet donc de mélanger les sexes sans risques mais aussi d’éviter chez certaines espèces ou chez certains individus les risques liés à une gestation ou à une mise bas.
Par ailleurs, la stérilisation, à très clairement un bénéfice santé fort. Elle réduit ou supprime le risque de maladies de l’appareil génital. Pyomètre, tumeurs mammaires pour les femelles, tumeurs des testicules ou cancer de la prostate chez le mâle sont inexistants ou très largement diminués chez les animaux stérilisés. Tout comme les métrites les mammites entre autres.

Enfin, chez les chiens, la stérilisation augmenterait l’espérance de vie de 13,8% chez les mâles et 26,3% chez les femelles. Cette étude semble a prendre avec des pincettes, du fait du mode de vie différent des animaux stérilisé. Notamment chez les femelles, la parturition ( grossesse et mise bas) étant un facteur de risque important que la stérilisation supprime. Mais aussi parce qu’on peut penser que les chiens stérilisés ont, globalement, un meilleur suivi vétérinaire.

Cet article vise à mettre en avant les risques (souvent méconnus) liés à la stérilisation mais aussi à pointer certaines pratiques, comme celle consistant à castrer un mâle (et même de plus en plus à stériliser une femelle) pour palier des problèmes comportementaux.

Les risques de la stérilisation : une histoire d’hormones.

Sans rentrer dans un cours de endocrinologie, il est bon de comprendre que la stérilisation provoque un grand chamboulement hormonal. Et par raccourci, on pense souvent que la production d’hormones sexuelles ( testostérone chez le mâle et mélange oestrogènes et progestérone chez la femelles) s’arrête avec la stérilisation. Ce n’est pas faux , mais ce n’est pas la seule conséquence hormonale. En effet, la production d’hormones sexuelles est générée et régulée par la fameuse hormone lutéinisante. Or, en l’absence d’hormones sexuelles « à produire » et à réguler, l’hormone lutéinisante (LH) se retrouve en sur-dosage dans l’organisme. A des concentrations jusqu’à 30 fois plus élevées chez les chiens stérilisés.

Bien que la LH soit principalement liée aux fonctions reproductrices, il existe des récepteurs de LH dans tous le corps. Et un excès de LH ( provoqué par la stérilisation) augmenterait la fréquence de la plupart des troubles non reproductifs dont nous allons parler ici.

Les risques liés à la castration du chien (et du chat) et à la stérilisation de la femelle.

Nous avons délibérément mis « chats » entre parenthèses car la plupart des études sont faites sur la populations de chiens. Mais certains des risques concernent aussi nos miaous.

L’obésité et le diabète

Selon les sources, entre la moitié et les deux tiers des chiens stérilisés qui seraient victimes d’obésité. Évidemment, cette pathologie est aussi liée aux conditions de vie de l’animal (âge du propriétaire, nombre et durée des sorties…) à son âge et à son patrimoine génétique. Mais dans tous les cas, elle met en danger la vie de l’animal.

L’obésité serait liée à une augmentation de l’appétit et à une diminution du métabolisme ( des besoins donc).
Chez les chiens non stérilisés l’apport alimentaire génère la sécrétion d’hormones « coupe-faim » dans le système digestif qui entraînent la sensation de satiété. Après la stérilisation l’apport alimentaire du chien augmente de 20%. Probablement à cause de la fameuse hormone LH dont nous parlions plus haut. Elle se retrouve en dans le tube digestif et empêche les hormones « coupe-faim » (le glucagon et la cholécystokinine pour être précis) de jouer leur rôle. Le chien mange mais à encore l’impression d’avoir faim.
Et comme d’un autre côté la stérilisation entraîne une diminution de 30% des besoins énergétiques quotidiens, on comprend vite que l’animal va prendre du poids si on est pas très très vigilant, quitte à presque l’affamer, le temps que les interactions hormonales se remettent en place.

A noter que depuis que la stérilisation est devenue très fréquente, le diabète a vu son incidence augmenter considérablement. On parle dans certaines études d’un doublement du taux de diabète chez les chiens stérilisés comparés aux chiens entiers. Mais il faut noter que l’obésité est une cause de diabète. Il est donc difficile de dire si c’est directement la stérilisation qui est responsable du diabète ou l’obésité qui en résulte fréquemment.

Stérilisation et cancer

Si elle est connue pour en limiter voire supprimer certains cancers, la stérilisation serait aussi responsable chez le chien d’un risque accru pour d’autres cancers. Les études parlent d’un risque près de 4 fois plus élevé 2,4 à 4,3 fois plus de risques de cancer de la prostate (adénocarcinome) chez le mâle. Alors que les autres maladies de la prostate sont elles limitées par la castration. De même les femelles stérilisées développeraient plus de cancer de la vessie que les autres. Enfin les études les plus récentes tendent à montrer une sur représentation des cancers des os chez les animaux stérilisés jeunes.

Les calculs urinaires

Une des plus grosse étude américaine a montré que les calculs urinaires (particules solides qui se développent dans le système urinaires) seraient 3 fois plus fréquents chez les chiens stérilisés que chez les chiens entiers. Avec les risques que cela comporte pour les reins et la vessie.

Stérilisation de la chienne et incontinence urinaire

Entre 5 et 20% des femelles stérilisées seraient victimes d’incontinence urinaire. Il semblerait que les femelles stérilisées souffrant d’incontinence urinaire auraient un taux de LH ( la fameuse hormone toujours) dans le système urinaire significativement plus élevé que les femelles entières. Mais cette incontinence peut être liée à d’autres cause et notamment une affaiblissement musculaire lié aux suites de l’opération.

La rupture du ligament croisé

La rupture des ligaments croisé est devenu une pathologie de plus en plus fréquente chez les chiens. Une étude de 2004, montre que les risques de rupture du ligament croisé seraient très significativement augmentés par la stérilisation.
Par ailleurs un sondage fait par un étudiant à l’école vétérinaire auprès d’une vingtaines de chiens ayant eu une rupture des ligaments croisés a fait ressorti que les trois quart des chiens étaient stérilisés.

Une étude a aussi fait le lien entre stérilisation et dysplasie de la hanche. Mais une autre a montré une absence de lien. Nous n’en parlerons donc pas.

La stérilisation est-elle vraiment risquée ?

La stérilisation d’un animal induit inévitablement des changements biologiques dans son corps. Et au-delà des maladies évoquées plus haut, la stérilisation de l’un ou de l’autre sexe est rapidement suivie de changement au niveau du système immunitaire entre autres. A noter que chez les mâles, la castration des animaux prépubères peut causer un arrêt ou une diminution de la croissance. Ajoutons que la docteure Emmanuelle Titeux dans une de ses communications, en 2019, a pointé que la gonadectomie agirait comme un amplificateur de l’expression des caractéristiques génétiques. Elle amplifierait les problèmes génétiques à l’intérieur d’une race. Par exemple., chez le teckel, l a stérilisation précoce serait le principal facteur de risque de la hernie discale . Chez le Berger Allemand on noterait une proportion sensiblement plus élevée de dysplasie de la hanche, .

La castration du chien améliore-t-elle le comportement ?

C’est ce point précis qui nous a conduit à écrire cet article. Trop souvent on peut lire sur les réseaux sociaux : «Votre chien est difficile, il a mauvais caractère, il est « dominant » ? Faites le castrer et ça passera ». Certains vétérinaires le proposent également. Et même des « comportementalistes » débordés par certains chiens… Or,   Emmanuelle Titeux a, dans la même communication, relevé que la castration et la stérilisation n’ont aucun effet systématique sur le comportement. Elle recommande de préalablement vérifier part une castration chimique qu’il y a un réel gain comportemental. Et ajoute-t-elle, la production d’hormones sexuelles diminue avec l’âge. Donc si les hormones sexuelles sont responsables des difficulté comportementales, cela s’arrangera au bout de quelques années.

La conclusion de Chats Chiens Etc

Comme toujours nos articles sont là pour faire réfléchir. Pas pour dire faites ceci ou faites cela. Et comme notre article sur les os, celui sur la castration du chien ( et dans une moindre mesure sur la stérilisation de la femelle) ne sera probablement pas consensuel. Notre objectif est juste de rappeler que stériliser un animal n’est pas anodin. Le faire juste pour tenter de corriger un problème de comportement outre le fait que l’efficacité est loin d’être prouvée, devrait interroger les maîtres. Il existe bien d’autres façon de « gérer » un chien. A commencer par une éducation positive et bien comprise…Comme nous la propose Caroiline Lange dans son livre  » Dressez votre chien en 15 minutes par jour »